Société de gilles de Naast \"Les sans rancune\"

Société de gilles de Naast \

Historique du Gille - période de 1875 à nos jours

Le Gille se peaufine petit à petit et se popularise. Nous sommes à la moitié du 19ème siècle.

Vers 1850, à Baume, on se souvient encore de costumes sans appliques de velours noir, les seules couleurs du costume étant le rouge et le jaune.

Les pièces de tissu cousues sur le costume ne figurent pas encore les lions héraldiques du Hainaut. Les signes et les animaux découpés dans le drap rouge sont variés et appliqués sur la toile suivant la fantaisie du couturier : lézards, quartiers de lune, bonshommes, soleils, ...

Le ramon de l’époque est un authentique balai de ménagère. On le lance dans la foule en signe d’amitié. Le chapeau de Gille est constitué de plumes blanches mais ternes, et parfois même carrément brunes. La coiffe fait tout au plus 50 centimètres de hauteur.

Le Gille de l’époque ne jette pas encore d’oranges. Leur prix est prohibitif et aussi il jette les fruits du pays : noix, marrons, pommes, oignons, parfois des morceaux de pain...

En 1885, au quartier du Mitant des Camps, des Gilles portent encore le panier en fil de fer, avec un double couvercle, ustensile faisant partie sans doute de l’attirail ménager familial. Le panier en osier ne se généralisera qu’au début du 20ème siècle.

Avec la prospérité de l’industrie locale, le travesti du Gille gagne en beauté et en distinction. Les plumes de marabout et de coq font place aux plumes d’autruche et la coiffe du Gille gagne en hauteur. Les couleurs pastel ne sont pas encore à la mode dans les chapeaux, elles sont même très vives : vert, pourpre, jaune d’or, parfois même avec alternance de noir. Des photos de ces coiffes subsistent actuellement.


Cette photo prise en 1910 montre une des étapes successives de l'évolution de la coiffe du Gille : les plumes du chapeau, initialement raides et verticales, commencent à s'évaser et à se courber. (Carte postale)



Au quartier du Hocquet demeure même le souvenir d’un Gille qui avait porté un chapeau teint de noir, avec les rappels de couleur correspondant sur les jambières, les manchettes et la collerette de son costume, parce que son épouse était décédée pendant l’année écoulée ! Heureusement, une telle anecdote ne brille que par son caractère sporadique et isolé.

Les armoiries et les lions apparaissent sur la toile grise. Des dentelles se joignent aux rubans. Le ramon grossier fait place au ramon de paille de riz, on le prête désormais pour un pas de gille ou plus prosaïquement, une passe entre deux cabarets, ceci afin de témoigner sa sympathie.

Le sabot, parfois encore recouvert de peinture dorée, s’affine en se terminant par une espèce de corne qui se perdra assez vite dans le temps.

La richesse s’exprime dans le port de dentelles de prix, de gants blancs et même dans la présence de bijoux cousus sur la coiffe du chapeau. Tout cet attirail tape-à-l’œil a aujourd’hui disparu.

Mais, par-dessus tout, c’est au niveau des mentalités que l’évolution la plus forte se fait ressentir : le Gille devient un emblème culturel auquel se rattache définitivement toute une région. Il se crée dans nos villes une mentalité en rapport avec son costume riche et décoratif. Noblesse oblige, le Gille doit se tenir sobrement, rester digne, et briller par sa prodigalité durant son carnaval. Il doit dépenser sans compter afin de répandre la joie et les sourires autour de lui. Ce qu’il fait encore aujourd’hui d’ailleurs...

C’est bien plus à l’évolution de ce standing et à l’augmentation du nombre des valeurs positives qu’on attribue au personnage du Gille, qu’il faut lier les évolutions successives de son costume.

Jusqu’en 1880, nous ne possédons aucun document photographique ni graphique représentant le Gille. Il devait être, jusqu’en 1850, assez semblable au « Doudou » de Fosses, mais plus élancé et plus gracieux en raison de sa coiffure emplumée. A partir de 1850, le Gille se transforme progressivement pour devenir, vers 1880-1885, ce que d’anciennes gravures relatent. Toutes les représentations faites sont tirées d’après des documents photographiques datés, elles sont l’œuvre de Fernand Liénaux, éminent folkloriste louviérois.



30/10/2010
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